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Approche inductive ou déductive ? De l’Intérieur de Soi.

Le fonctionnement de la pensée est fondamentalement différent en Orient et en Occident. Pour l’Orient la réflexion par induction va du particulier au général, alors qu’en Occident on part de la loi (d’un axiome) pour en déduire des résultats (par déduction).

Prenons par exemple cette affirmation :

L’intérieur de nous sait et nous ne savons pas toujours qu’il sait. C’était dans l’article  (L’intérieur est calme et fort)

Pour l’Orient cette affirmation est triviale. C’est à partir de Soi que l’on va trouver des lois générales. Il faut donc que le Soi sache par nature. La découverte de tout ce qu’il sait est l’objet de toute une vie.

Pour l’Occident cette affirmation comportent des lois ou des définitions qui doivent être acceptées comme vraies.

Axiome 1 : L’Intérieur de Soi existe. Il suppose de définir au préalable ce qui en nous peut être qualifié d’intérieur.

Que savons-nous de l’Intérieur de Soi ?

J’ai lu beaucoup de livres sur l’esprit, j’ai eu quelques enseignements, rencontré quelques maîtres, chacun donne son approche et sa réponse à cette question fondamentale. Au fond la seule vérité que je peux toucher du doigt survient sur le zafu (*) quelque part à l’intérieur de moi pendant zazen (*). Un intérieur fait d’images, de pensées et de sons qui viennent à la conscience (ou demi-conscience) sans ordre apparent, comme une vidéo artistique où vous voyez défiler des images, des visages sans lien logique. Cet intérieur-là s’avance dans la vie avec la ferme intention de comprendre par lui-même sans utiliser les béquilles ordinaires, sans regarder avec ces jumelles déformantes que produit la société des hommes. Il veut comprendre par lui-même pour que JE puisse vivre en accord parfait avec LUI. JE déteste l’asservissement qui conduit à l’aliénation mentale. LUI existe donc, à la base de l’intention de vouloir comprendre.

Notre intention de vouloir comprendre prouve l’existence de quelque chose en nous qui a des intentions.

Resultat 1 : Cet Intérieur connait et sait des vérités.

Resultat 2 : Certaines de ces vérités intérieures restent à découvrir.

Comment arrivons nous au résultat 1 ?

Votre intention de comprendre est-elle vraie ? Oui, alors l’intérieur connait au moins une vérité, celle qui fixe votre compréhension. Si votre réponse est « Non » vous ne pouvez suivre ce raisonnement. C’est comme un hypnotiseur, si on n’y croit pas ça ne marche pas !

Comment arrivons nous au résultat 2 ? Par un raisonnement par l’absurde :

Si toutes vos vérités intérieures sont connues vous n’avez plus l’intention de comprendre quoique ce soit de nouveau, donc le raisonnement qui conduit au résultat 2 ne vous intéresse plus, ni aucun autre d’ailleurs. Vous avez accepté le résultat 1 et c’est votre unique vérité. Pourquoi pas…

Le raisonnement (hypnotique 🙂 ) se poursuit pour ceux qui ont toujours l’intention de comprendre. Vous voulez comprendre une autre vérité que le résultat 1 donc toutes vos vérités intérieures ne sont pas résolues…CQFD.

Bien compliqué de comprendre cette phrase pour nous occidentaux, pourtant évidente pour un oriental.

Cette différence vient selon moi du processus de la lecture qui fondamentalement différent . En Occident utilise le cerveau gauche, et en Orient le cerveau droit par la lecture  d’images (les kanjis conceptualisées directement par le cerveau sans passer par le mot.

Orient : Avec le cerveau droit : LECTURE⇒IMAGE⇒CONCEPT  puis avec le cerveau gauche⇒PAROLE .

Occident  : Avec le cerveau gauche : LECTURE⇒PAROLE⇒CONCEPT puis avec le cerveau droit⇒IMAGE.

Ainsi l’Orient comprend d’abord un écrit en le reliant intuitivement à la Nature par son image, puis le relie au Soi par la parole.

L’Occident lui comprend un écrit par sa raison (qui verbalise) puis le relie à la Nature extérieure par son image.

A partir de ce schéma on comprend l’utilité de la méditation chez les occidentaux. Primordial pour notre approche de la Nature et du Cosmos tout entier. Quand on pratique zazen dans un dojo on se relie à l’Univers tout entier disait Deshimaru. Le sōtō zen japonais est fondamentalement différent du sōtō zen apporté par Deshimaru et poursuivi par ses disciples occidentaux. Pour le japonais c’est une pensée ordinaire que de dire que le Soi est relié au Cosmos. Tout le monde pense ça en Orient. Ainsi pour l’Orient l’intérieur de Soi sait puisqu’il est relié au Cosmos de façon évidente. D’où  les arts japonais dans toutes ses formes (calligraphie, ikebana, cérémonie du thé, jardin zen, tir à l’arc, aïkido…). Pour chacune de ces activités la méthode est toujours la même : d’abord se pénétrer du TOUT puis accomplir l’acte dans ses moindres détails.

Pour nous occidentaux qui cherchons à conquérir et à dominer la nature depuis Pythagore, puis avec Galilée qui jeta les bases de la science expérimentale, c’est une découverte de se savoir relier à la NATURE ou au Cosmos.

Puissions nous renforcer ce lien par la méditation ou toute autre pratique,  pour que la métamorphose opère tranquillement à l’intérieur de nous ! (Voir l’article <Se préparer au choc frontal >)

©daniel Bukō Hōten

(*) voir glossaire

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PARENTHÈSES (D’où venons nous ?)

Combien d’étoiles  sont visibles à l’œil nu ? Combien de Terres dans l’Univers ?

Ça me rappelle une pièce de théâtre que j’avais enregistré d’un ami dans les années 80. Malheureusement la bande magnétique est perdue ou inutilisable.Quelqu’un se rappelle-t-il de cette pièce ?

Un bus passe dans la rue de gauche à droite. Assis sur un banc public à côté de sa bien aimée Georges pense…sous un réverbère. Dans le ciel brille la lune.

— M’aimez vous Georges, demande la bien aimée ?

 Oui, je vous aime plus que tout, répond Georges à la belle.

—Combien m’aimez vous Georges ? 

— Combien je vous aime ? Ah, mais…levant  la tête embarassé …Comptez les étoiles dans le ciel ! soupire notre amoureux transi.

FIN de la PARENTHÈSES )

Plusieurs milliers d’étoiles visibles à l’oeil nu dans le meilleur des cas. Combien de Terre dans l’univers ?

illustration :  photographiée dans un restaurant cette peinture d’un peintre naïf du COSTA RICA que j’adore !
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Se mettre en danger dans le zen ?

Dans tous les sports au bout de quelques années de pratique on est obligé de se mettre en danger pour progresser, soit combattre un plus fort que soi, soit effectuer une figure périlleuse jamais tentée, se lancer dans la compétition, etc.. C’est normal ça fait partie du jeu. Dans les arts (théâtre, musique, cinéma) se mettre en danger c’est montrer sa création et la livrer à la critique du public. Quand on a un certain niveau, en musique par exemple, on doit passer par le regard des autres (en jouant en public, ou en prenant des cours avec un maître de musique). Si on s’aperçoit qu’on n’est pas au point en public, ça fait mal à l’amour-propre. La mise en danger concerne l’Ego, elle vient se frotter à l’autosatisfaction. On peut être découragé par les coups qu’on a pris mais on ravale sa salive, et on pense je vais progresser, je dois persévérer.  Le milieu artistique est intéressant pour ça, parce qu’il travaille sur l’Ego. Le sport est intéressant parce qu’il fait rechercher ses limites et qu’il incite à les dépasser.

Récemment j’ai lu une histoire zen où l’on parlait d’un laïc qui avait presque atteint la maîtrise du zen. Heu…on peut atteindre la maîtrise du karaté, de l’aïkido, du Tai Chi, du Qi gong,  ou du yoga mais atteindre la maîtrise du zen ? Ça n’a pas de sens ! Dans le sōtō zen c’est absurde.

Pour autant on ne va pas rester camper sur son zafu(*) à ronronner une heure par jour, si on n’espérait pas quelque chose, un petit pas vers la sagesse, tout petit. En désaccord avec  Mushotoku(*) le zen Rinzaï va chercher le progrès par la pratique des kōans.  Seul les maîtres sont capables de comprendre et d’expliquer les kōans. Dans le sōtō zen on renonce à ce type de travail ou d’épreuve. On pratique zazen, shikantaza (*)

Alors ne faut-il pas se mettre aussi en danger dans notre sangha(*) du sōtō zen ? Il y a nécessairement une marge de  progrès entre un débutant et un vieux moine, ou non ? Dans le pire des cas la marge de progrès pourrait être celle du vieux moine qui tente de conserver son esprit de débutant (comme le disait si bien Shunryu Suzuki dans esprit zen esprit neuf) ! Certains  de nos maitres sont de grands érudits, ils trouvent un champ de progrès dans l’apprentissage des textes sacrés mais, le hic c’est que ce n’est plus l’esprit de la transmission de cette forme de bouddhisme qui est au delà des mots. (voir l’article qui relate La transmission directe du Bouddha Shakyamuni à Mahakasyapa ). Ainsi on découvre les textes plus tard comme la cerise sur le gâteau©. Il n’ y a pas d’enseignement doctrinal des textes dans notre lignée et c’est bien ainsi.

Pour autant, pour valider sa pratique le moine zen doit se mettre en danger.  Il peut pratiquer plus intensément zazen dans une sesshin(*) jusqu’à aller parfois au bout de ses forces (ou de ses nerfs), craquer au risque d’abandonner. A travers ce blog j’écris (sans validation préalable**) ce qui me passe par la tête et c’est ma façon de me mettre en danger. Cela me semble nécessaire pour aller de l’avant. On ne peut se contenter de l’enseignement consensuel qui est donné dans nos dojos. Notre zen doit se livrer à la vindicte populaire, se frotter au social, affronter le monde et échanger  ses idées, en toute humilité.

©daniel Bukō Hōten

(*) voir glossaire

(**) j’ai demandé cette validation. J’ai reçu une sorte de non-réponse qui vaut satisfecit… !