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poésie Sosan TOUT

Le doute du Renard : pour ou contre ?

On peut aussi se délecter d’un seul verset avec le Shin Jin Mei de Sosan (?-606)

stance 55 :

Sans le doute du renard

Les passions disparaissent complètement

Et soudain apparaît la foi.

Lisez : le doute est amer , un beau poème de jeunesse et mes commentaires  :

Aujourd’hui je n’ai plus cette crainte, je connais la nature de Bouddha et le zen, mais le doute est toujours aussi amer quand il survient, et tellement utile  ! Je ressens la chaleur dans mes joues, la sueur sur mon front, la poitrine se serrer, l’envie de fuir mais où ?! 

C’est donc ainsi, quand le doute disparaît, la foi apparaît (Ok  M La Palice :)), mais les passions disparaissent-elles avec le doute ?

Vous en doutez ?!

Si vous doutez les passions réapparaissent derechef !

Ah ,vous ne doutez plus à présent ! Comme c’est bien de vivre sans passion, n’est ce pas ? Vous doutez ? Mais vous êtes comme le renard, nom d’un chien !

Pas si facile de ne pas doutez mais le doute est tellement utile !

S’il ne doutait pas le renard ne serait pas aussi habile à voler nos poules !

Le renard ne s’apprivoise pas, le renard c’est un sacré malin !

Il faut bien comprendre ce verset, la vraie foi n’apparait que lorsque les passions disparaissent, c’est donc de la Voie qu’il s’agit, du Dharma (*). C’est évident pour Sosan c’est son seul questionnement, mais nous pauvres de nous …nous nous en posons tellement des questions … avec le global warming et toutes les préoccupations actuelles.

Difficile de ne pas être un renard, difficile de se laisser apprivoiser dans ce monde incertain.

Vous en doutez ? Reprenez du début !

:mrgreen:

© Daniel Bukō HōTen

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Sosan TOUT

L’essence du Zen

Le Shin Jin Mei, premier texte zen (Ch’an) comporte 146 phrases et 73 versets. Ces poèmes sont de Sosan (?-606) qui fut guéri de la lèpre par le zen. Habituellement on prend les versets les uns après les autres et on les commente, mais on peut aussi les lire rapidement pour s’en pénétrer. Voici une traduction libre  des 17 premiers versets pour vous en donner la compréhension immédiate 😛 , l’essence du zen.

J’ai donné une explication plus détaillée de la 7  <cliquer ICI>

  • 1 : Pénétrer la voie n’est pas difficile, mais il ne faut ni amour, ni haine, ni rejet
  • 2 : Sans haine ni amour la compréhension apparait spontanément claire…
  • 3 : Si il y a une aspérité dans votre esprit-> vous vous éloignez de cette compréhension.
  • 4 : Si nous sommes ici et maintenant, les idées de juste et de faux sont oubliées.
  • 5 : La recherche du juste et du faux nous emprisonne.
  • 6 : Si nous n’allons pas à la source des choses, notre esprit se fatigue en vain
  • 7 : la vie est ronde, en paix, large comme le vaste cosmos, sans notion de demeurer ou de rompre.
  • 8 : Tant que nous cherchons à prendre ou à rejeter nous sommes enchaînés.
  • 9 : Ne courez pas, ne demeurez pas.
  • 10 : Si votre esprit s’apaise, il disparait.
  • 11 : Si nous cessons de nous agiter, notre esprit se calme et ce calme entraine à nouveau le mouvement.
  • 12 : Si nous demeurons aux deux extrémités comment pouvons-nous n’en comprendre qu’une seule ?
  • 13 : Si on ne se concentre pas sur l’originel, les mérites des deux extrémités sont perdus.
  • 14 : Si nous ne considérons que notre existence, nous nous perdons dans celle-ci, mais si nous suivons ku, l’absence, nous sommes contre le ku.
  • 15 -16 : Paroles justes, pensées justes ce n’est pas la seule vérité. L’abandon du langage et de la pensée nous permet de résoudre la Voie dans sa globalité.
  • 17 : Si nous retournons à la source, nous touchons à l’essentiel mais si nous regardons les reflets, il nous échappe.

On fait une petite pose pour  souffler un peu, respirer profondément.

Qu’apprend-on par ces 17 stances ? Elles nous disent qu’il faut essayer d’aller à l’essentiel en toute chose. Etre ici et maintenant, cesser de juger (juste /faux, amour/haine) pour ne pas avoir à rejeter ; ne pas chercher à garder ; et acquérir une vision globale qui englobe les extrémités sans en choisir une des deux.

Au bout du compte il nous faut abandonner le langage et la pensée, nous laisser porter par notre intuition guidée  entre ses deux garde-corps (ne plus juger, ne pas choisir) et conserver une  vision globale comme point d’horizon. Accepter notre existence comme illusoire, mais ne pas croire que l’illusoire existe pour autant. Et se concentrer sur l’originel,  faire zazen (*), ne pas regarder les reflets des choses. Il est vain de chercher toujours une Vérité (verset 9) pour y rester car si on y reste elle s’échappe.

Inutile de vous dire d’en faire bonne usage, un texte comme celui-là est auto-protégé. Il se répand dans l’Univers comme le vent, sans entrave et sème ses fruits. C’est du concentré. Il va à l’essentiel de l’essentiel au cœur du zen.

J’attends vos commentaires ! (Cliquer sur le titre de l’article pour entrer dans la page complète)

© Daniel Bukō HōTen

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Musique Sosan TOUT

Sérénité une histoire d’imagination : le 1er article !!!

RECORD

Merci au Bobo Stenson Trio d’avoir réalisé cet album magnifique « Serenity ».

La sérénité je vous la souhaite à tous. Profonde comme cette musique que je passe en boucle. La musique c’est magique ! Un archet qui frotte la corde d’une contrebasse avec finesse c’est complètement renversant. C’est pour ça que les archets valent si cher. Chaque archet a un son différent. Je me suis acheté récemment un des plus beaux, un « Denis Bergeron ». Depuis quelques jours j’ai repris mon ancien archet qui selon D Bergeron est coté encore d’avantage. J’y retrouve plus de facilité comme s’il était guidé sur un rail. Il y a moins d’harmonique dans le son mais il est plus rond. Plus rond comme le monde, vous connaissez tous le Shin Jin Mei  de Sosan, n’est ce pas ? « la voie est ronde, en paix, large comme le vaste monde, sans la moindre notion de demeurer ou de partir. »

La sérénité c’est peut être cela tout simplement. Ne pas avoir envie de partir, ne pas chercher à rester. Pourtant un jour, c’est sûr, la mort sera sur notre route avec sa faux sur l’épaule. Alors, est ce que vous serez serein au moment de votre mort ? Je vous le souhaite. Imaginons notre propre mort …

— Salut la mort , tu vas bien ?

La mort tourne la tête mécontente.

— excuses moi je n’ai pas pu m’empêcher …c’est vrai que toi tu es toujours en forme, enfin je veux dire …

La mort commence à fulminer un peu. Vous savez ce genre de couleur gris où l’on perçoit du rouge, ses joues commencent à vibrer de soubresauts….

— non, mais je ne veux pas dire,… enfin bref, passons… parce que je ne vois pas que de la sérénité dans ton visage…. Qu’est ce que tu me veux au juste ?

— Tu ne réponds pas bien sûr, c’est évident hein !  Selbstverstandlich ! SI tu es là sur mon chemin c’est que c’est l’heure !

Ne pas avoir envie de partir à ce moment là, il vaut mieux. Seul celui qui se suicide peut en avoir envie, mais c’est un très mauvais karma(*) de se suicider, je ne le vous conseille pas. Le karma de tuer c’est le pire !  Si vous avez les pires souffrances vous pouvez aussi avoir envie de partir parce que ce n’est pas possible de vivre si on ne retrouve jamais le calme, la tranquillité d’esprit.

Personne n’a envie de partir au moment de sa mort. Même Brassens, qui l’a bravée dans ses chansons,  sur son lit de mort a dit à son ami qu’il avait peur de partir. Une fois j’ai croisé un très vieil homme dans les rues de Strasbourg, il cherchait à traverser, il allait chez son médecin, un problème de vieux qui ont les yeux qui pleurent sans arrêt. Il a regardé les feuilles des platanes et il m’a dit  » C’est beau…. c’est beau la vie ! ». Je l’ai aidé à traverser et je l’ai regardé partir ému.Je me suis dit combien de jours lui reste-t-il ?

Ne pas chercher à rester c’est peut être cela la sérénité. Dans bien des circonstances on veut paraître, on veut être, on prend racine..  on veut avoir le plus bel esprit, rester unique aux yeux des autres, être admiré de ses amis. Kôdô Sawaki est catégorique là dessus : ne chercher pas à être le meilleur ! Se réjouir de voir que les autres sont meilleurs et réussissent mieux que soi. Les autres c’est bien plus important que soi. Aussi si on abandonne l’ego à quoi ça sert de rester ?

Daniel BukohoTen

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