La voie du Bouddha est la voie du milieu. Ni trop d’un côté, ni trop de l’autre. C’est cela ?
OUI, mais pas seulement ! Ce n’est pas si simple. Il ne s’agit ni de jouer à l’équilibriste sur un fil entre nos attirances, ni de jouer à pile ou face avec nos désirs, encore moins de chercher à ne plus rien ressentir du tout !
Un peu de neurobiochimie…pour mieux comprendre.
Notre cerveau est régi par des processus chimiques. Ainsi pour nos émotions : les neuro-transmetteurs envoient des signaux sur l’ensemble du cortex. Il sont produits par l’hypotalamus et l’hypophyse (cerveau profond du zen), les trois principaux neuro-transmetteurs sont : la dopamine (désir lié à la recherche de plaisir ou au besoin), les endorphines (sensation de bien-être bien connues des sportifs) et la sérotonine ( souffrance, douleur, anxiété).
Ce que nous apprennent aujourd’hui les neurobiologistes, et qui est fondamental, c’est que les trois courants de neuro-transmetteurs sont engagés simultanément dans le cerveau, et que le processus cherche à se reproduire à l’infini par une information envoyée en spirale dans le cortex. Ainsi au moment où arrivent plaisir et bien-être, un courant parallèle inverse est généré dans le système lymbique produisant souffrance ou anxiété. Puis l’addiction peut s’incruster sur le long terme avec la dépendance et la souffrance ou le rejet et l’intolérance.
Que dire maintenant de la voie du Bouddha, la voie du milieu ? Le Bouddha a refusé la voie de l’ascétisme qu’il a testé pendant des années et qui n’a rien donné. La voie qui ouvre au bonheur absolu ne peut pas être desséchée ou insipide. Il faut prendre du goût, il faut goûter aux sensations agréables, désagréables, vivre. Simplement vivre comme tout le monde. En connaissance de cause.
Ainsi on n’est rarement satisfait par son âge. On se sent trop vieux quand on est vieux, ou trop jeune quand on est adolescent, on fuit l’âge qu’on a parce que vieillir est souffrance. Mais on a l’âge qu’on a, et personne d’autre ne peut nous le prendre. Donc profitez au maximum de votre âge en tant que tel, là maintenant… Ainsi les vieux se plaignent d’avoir des courbatures, des douleurs un peu partout, etc…Mais regardez-vous, regardez le pire, et comparez : pas si mal finalement !
Pour bien comprendre la voie du milieu il faut admettre quelque préceptes :
Précepte I : Allez vers le positif en toute chose modérément,
ne pas stagner dans le négatif,
ni se complaire dans sa propre négativité.
Bien souvent, partant de ce principe, on rejète le négatif, il ne faut pas se laisser envahir par le négatif…Mais comment faire ? On va jusqu’à essayer de penser que le négatif n’existe pas, ou qu’il est une illusion de notre esprit. Ni positif, ni négatif. Or c’est faux ! Les deux existent réellement en chaque chose, en chaque circonstance, en chaque instant comme la chimie de notre cerveau.
Précepte II : Positif et négatif existent
simultanément en toute chose, à tout moment.
C’est sur la base de ce constat du chaud ou froid, de l’ agréable ou du désagréable, que nos sensations s’établissent et nous proposent des consignes :
— Trop chaud – enlève ta main, trop affreux – éloigne-toi, trop fort – tes oreilles, trop fou – ton esprit ! etc…
La voie du milieu du Bouddha n’est pas une simple règle de bienséance, ni une seule éthique, ou une philosophie. Cette voie intègre un principe d’obligation de résultat, et une garantie de succès. Elle intègre une force spirituelle(*) liée à la nécessité de vision juste. « Comprendre que les désirs sont la cause de la souffrance » est essentiel pour poursuivre dans les préceptes suivants.
Le désir n’est pas à rejeter. La sensation de désir est à chérir précieusement, au contraire. Le fait d’avoir envie n’est pas à condamner. Il est salutaire et participe à notre survie corporelle, sentimentale, spirituelle, affective et amoureuse. L’amour n’est pas à rejeter, il est une sensation qui exige la transparence{*} de l’autre. L’amour sublimée transfère cette transparence dans l’absolu. L’amour du Christ exige la présence affective du Christ. S’il n’avait pas dit « je vous aime » on n’oserait pas aimer le Christ (ou AMMA voir Le bonheur c’est de dire je vous aime ) ! L’amour simple exige d’avoir un retour de l’autre. Aussi petit soit-il. Sur le fil du milieu, le ni-amour — ni- haine, la voie du non-retour ou de l’indifférence, l’amour se dessèche. Il se réduit à sa plus petite expression. Une braise demeure ainsi longtemps… une braise qui souvent, ne pourra plus être raviver (sigh !)… Ne pleurez pas, ou plutôt si pleurez à chaudes larmes, (je l’ai fait avant- hier à la fin du film « demi-sœur » de Josiane Balasko* ). Ca fait du bien de pleurer, non ? À gros sanglots ! On est triste ou joyeux, on pleure, même réaction physique pour deux états contradictoires. Pourquoi ? Réfléchissez !
Précepte III : Explorer vos désirs,
regardez-les comme source de bonheur, de joie de peine.
Se détacher graduellement
Donnez et réduisez vos besoins.
Non, la voie du milieu n’est pas réduite à « ni trop d’un côté, ni trop de l’autre »
©daniel Bukō Hōten❀
<LA SUITE>
la force spirituelle(*) c’est celle que procure la méditation, zazen. Garantie du résultat par la certification de tous les Bouddhas,
transparence{*} : comprendre qu’on se fond dans l’autre, dans l’espérance, la reconnaissance.
* ce film m’a ému parce que Josiane Balasko joue très bien l’enfant attardé et que sa joie et sa souffrance sont communicatives, son humour est excellent. A voir absolument !
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