Le culte de l’Unité ? Toutes les religions le pratiquent, c’est un point commun central, une sorte de philosophie éternelle et universelle. Les religions orthodoxe, bibliques, musulmane placent Dieu au centre de l’Univers, au dessus de chaque être, accessible pour chacun de son vivant par la foi (gratifiée d’une promesse de vie éternelle après la mort). Chaque individu reste livré à lui-même. Il devra tenté d’opposer à ses envies et ses fantasmes, l’autorité de l’Unique . Les parfaits cathares avaient développé une belle théorie humanitaire, mais trop libertaires ils se sont vus sacrifiés sur l’autel de l’hérésie. Pour eux l’individu était une parcelle de l’Un et devait œuvrer pour réduire au minimum les imperfections des actes et des pensées du quotidien impur.
Aldous Huxley a fait de cette question un livre intitulé Philosophia perennis. Dès le premier chapitre Tu es cela aborde avec habilité cette question centrale. Qui suis-je ?
La Bhagavad Gita des hindouistes affirme l’existence d’une âme. » l’Atman pénètre toutes choses, la nature de la Réalité unique doit être connue par notre propre perception spirituelle claire, le désir de la séparation personnelle est profondément enraciné et puissant. L’homme pense « je suis l’acteur, celui qui éprouve » et cette notion est la cause de la servitude à l’existence conditionnelle, à la naissance et à la mort. La suppression de cette notion et du besoin de séparation personnelle est appelée Libération par les sages, les brahmanes.
la littérature taoïste parle d’un Principe supérieur. « le principe est en toutes choses, c’est pour cette raison qu’on le qualifie de suprême, d’universel, de total, il est en toutes choses mais n’est pas identique aux êtres, car il n’est ni différencié, ni limité », (Tchouang-tseu)
Le bouddhisme mahayana se rapproche si prêt du taoïsme précise Huxley que « les deux ont fini par se confondre sous le nom de Zen » ; il cite le Lankavatara Sutra transmis par Boddhidharma en Chine : « Pur dans sa nature même, et libre de la catégorie du fini et de l’infini, l’Esprit Universel est le Sein de Bouddha non-pollué, qui est appréhendé faussement par les êtres sentants. Une seule nature parfaite et pénétrant toutes choses circule dans toutes les natures ».
Sakyamuni, le Bouddha historique, n’a pas jamais affirmé une telle chose, il a nié la persistance éternelle de l’âme en opposition aux brahmanes, tout en acceptant comme principe universel la loi du karma... ce qui pose la question « Qui se réincarne ?
Un bodhisattva fait le vœu de revenir de vies en vies pour aider les êtres à se libérer du cycle des renaissances. Qu’est-ce qui anime le bodhisattva à chaque nouvelle existence ? Si la nature de bouddha est unique, à la naissance tous les bodhisattvas devraient être semblables. De même la libération devrait laissé apparaitre une seule sorte d’être « avec un grand cœur pitoyable » selon les mots d’Aldous Huxley. Or c’est la diversité qui prédomine. C’est extraordinaire, 7 milliards d’individus sur Terre tous différents, non ? Alors pourquoi considérer unilatéralement l’Esprit Universel comme unique ? Est-ce vraiment difficile de le considérer avec des milliers de facettes ?
A l’opposé les peuplades primitives étaient polythéistes, à chaque chose de la Terre correspondait un Dieu, le vent, le tonnerre, la mer, le vin, le ciel, le feu, etc. Ce n’est pas vers les gaulois qu’il faut se tourner pour comprendre ces milliers de facettes. Une représentation du bouddha Avalokitesvara, le bouddha de la compassion a 1000 bras et 1000 yeux. Il y a 1000 façons différentes d’aider les êtres, tant d’êtres différents, 1000 façons d’agir avec « un cœur pitoyable ». Toutes sont bonnes mais l’une est plus appropriée. Ainsi le Bodhisattva peut exprimer sa nature profonde compatissante à travers la facette qu’il choisira dans une nouvelle existence. C’est une question d’énergie, il est bon de se laisser porter par cette énergie spécifique et de se l’approprier. Certes, c’est une façon de se différencier de l’Universel, mais le bodhisattva a justement choisi de différer son Nirvana, c’est donc bien La condition sine qua non. La nature de Bouddha est à comprendre avec ces 1000 facettes. Ainsi vous pourrez faire le lien avec votre personnalité exprimée par le petit ego. Ce petit ego exprime déjà la nature de Bouddha, il s’y prend souvent mal, mais au fond l’énergie est là. Cette belle énergie karmique qui vous anime depuis la naissance apparait dès que la place se libère.
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