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Être moine zen ou farfadet ?

Pas facile d’être moine zen. A la Réunion encore plus dur : il faut avoir été initié, puis aller pratiquer en métropole, suivre un maître zen et se faire ordonner. Ensuite on suivra cette lignée et on ira se rafraîchir régulièrement les méninges en sesshin. Pas gratuit non plus le vol Air France !08102014-DSC03838

Du coup dans les dojos on ne trouve pratiquement que des débutants. Ils viennent une première fois, puis repartent et on ne les revoie plus jamais. Ceux qui restent posent malheureusement problèmes. Ils arrivent avec leur ego dans le dojo, et n’arrivent pas à le laisser à l’extérieur.

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Mettre en pratique sa connaissance.

Parmi ceux qui s’intéressent au Zen, la plus grande part croit le connaître par ce qu’ils ont lu et pense le pratiquer par une attitude convenue dans la vie de tous les jours, une ouverture vers les autres dans le meilleur des cas, et quelques méditations en solitaire pour toucher à l’intime, car le besoin est là.

Ce n’est pas la mise en pratique du Zen. La mise en pratique du Zen c’est aller au dojo près de chez soi, et faire zazen(*) avec les autres plusieurs fois par semaine.  Avec les autres, parmi les autres, comme les autres, ni plus ni moins que les autres… Poser le livre, arrêter de fantasmer. Eviter l’arrogance de se croire supérieur aux autres, de se prendre pour le Bouddha. Ne cherchez pas à avoir le beurre et l’argent du beurre.

Avoir le beurre et l’argent du beurre. Cet idiome bien connue en France est traduit  en anglais par « to have your cake and eat it ».

 Avoir le beurre et l’argent du beurre c’est avoir une grande exigence, démesurée, ramener la couverture à soi. Toujours plus, vouloir toujours plus. Ce que j’ai à vous offrir moi, grand moine zen par la taille mais petit moine sans prétention dans le zen, ne dépassera pas ce que je sais, ce que j’ai compris et ce que je ressens. A 61 ans j’ai vécu. Il est temps de m’en rendre compte, d’autant quand la société vous laisse la liberté de vivre à votre guise avec une petite rente de retraité. J’ai du temps pour me regarder le nombril…  Ce que je peux offrir c’est le beurre. Rien de plus. Si vous recherchez le « Grand Maître dans l’Absolu », celui qui a la vue juste en permanence, cherchez-le parmi votre entourage. Il est près de vous, quelque soit votre karma. J’ai la vue qui se brouille parfois. Alors je me fais tout petit, j’évite les vagues, je retrouve la plénitude du quotidien, l’errance de l’esprit qui se cherche et qui regarde chaque geste sans y trouver le moindre sens.  Vouloir résister aux vagues par tout temps est très arrogant, on finit par en prendre une en pleine figure un jour ou l’autre, un vrai coup à l’amour propre. Non, ne venez pas chercher sur ce blog l’argent du beurre, vous ne l’aurez pas. L’argent du beurre c’est votre participation, votre accord intime. Il faut donner de vous pour prétendre comprendre autre chose que ce que dicte votre intellect. Restez tel que vous êtes et faites un premier pas vers l’autre. L’autre vous montre ce que vous êtes d’un point de vue surprenant, celui que vous ne voyez jamais. On n’a pas les yeux derrière la tête.

Avoir le gâteau et le manger (la version anglaise de l’idiome) me semble plus pragmatique. C’est bien connu que nos frères d’outre Manche sont plus pragmatiques que nous. Supposons que je sois en mesure de vous donner ici le gâteau, vous regardez le gâteau, vous le savourez en pensée,  mais il faut le manger et pour cela utiliser votre bouche, l’avaler et utiliser vos tripes pour le digérer. Impossible si vous en restez à l’intellect.

La mise en pratique est un outil indispensable. Bien souvent ce n’est pas ce qu’on imaginait. Passer à la pratique c’est découvrir d’autres difficultés, d’autres blocages. C’est aussi vivre la chose par soi-même, la vivre avec ses difficultés. Si on ne franchit pas le cap, si on ne se jette pas à l’eau, on se réconforte par une surestimation de soi-même (dans le meilleur des cas). On se croit fort, et pour le rester mieux vaut ne pas monter sur le ring. La vie de tous les jours est là pour vous absorber et vous faire oublier votre acte d’impuissance. Regarder une série TV, ça fait passer le temps.

Regardez  aussi vers l’Est (comme la photo de couverture), l’Est c’est là que sont les maîtres, au delà de la mer ou… près de vous, il est là tout près de vous !

©daniel Bukō Hōten

(*) voir glossaire.

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La cabane au fond du jardin (koan zen)

Une histoire zen rapportée par Serge sur ce blog. Voir l’histoire authentique en fin d’article…chacun sa sensibilité. La mémoire de Serge n’est pas défaillante, mais elle a rajouté quelques fantasmes amusants !

Une vieille dame seule dans sa maison trop grande, décide d’y héberger un moine Zen. Il choisit la cabane dans le fond du jardin pour être tranquille et faire Zazen à toute heure. Comme la vieille est un peu intriguée, elle décida de tester ce moine. Elle va à la ville, et demande à une prostituée d’aller voir le moine et le séduire .. Celui-ci, décontenancé par la démarche provocante de la prostituée, la bouscule et l’expulse sèchement en disant : ” Je suis infaillible, mon coeur est aussi dur qu’un caillou, je suis un tigre qui court vers la libération !!” La vieille dame, ayant appris le dénouement de la visite impromptue, le congédie sur le champ et lui dit : ” va t’en, tu n’es qu’un imbécile.. »

QU’AURIEZ-VOUS FAIT  ?  Le moine aurait-il dû, comme le propose Serge (voir les commentaires de l’article <TRANCHER à la RACINE>), avec gentillesse et douceur l’inviter à boire le thé ? La vieille dame a-t-elle bien agi ?

Pour moi le moine (avec lequel je m’associe de cœur d’autant plus que j’ai eu ma cabane au fond d’un jardin…) a eu une attitude noble  et juste. Je le félicite, c’est un grand bodhisattva !

Quand à la dame et son intrigue… qu’elle reste seule pour ses vieux jours !

Merci Serge pour cette histoire.

Elle me rappelle des souvenirs fort agréables !

En fait cette histoire est racontée par Deshimaru dans son livre  » Zen et vie quotidienne » : c’est une histoire du mumonkan l’Ermite et la vieille dame, c‘est amusant.  A LIRE dans  <les Yeux du Chat /L’Ermite et la vieille dame> C’est un koan (*) !

Photo  de couverture authentique 2004  d’un orage de grèle sur ma cabane dans laquelle j’ai médité avec délice quelques fois. (Au lieu d’aller au dojo de Strasbourg… où je n’y ai fait que quelques apparitions 😉 …)

(*) voir glossaire