L’attention pendant zazen

Le zazen est cette méditation bouddhiste zen face à un mur, assis sur un coussin nommé zafu rempli de kapok, les jambes en lotus ou en semi-lotus.

La tête est droite, le menton rentré, le sommet du crâne se hisse vers le ciel. Les yeux sont mi-clos, ils s’appuient sur rien, devant soi sur le mur, entre l’ombre et la lumière, rien de spécial qui accrocherait l’oeil. La colonne est droite, souple. Les reins s’affaissent souvent, il faut y remettre un peu d’énergie  et les tendre de nouveau pour que dans 25 ans elle soit toujours aussi belle cette posture de bouddha.
Alors à quoi ça sert tout ça ? Pourquoi donc se poster ainsi ? Il y a plein de choses à faire dans cette vie, pourquoi perdre son temps ainsi ?

Le zazen du matin au dojo c’est  parfois aussi doux qu’un souffle de rosée qui vient vous effleurer les poumons. S’installer ainsi dans l’instant présent c’est à la fois pas-extraordinaire-du-tout et complètement étrange ! Imaginez que vous preniez un plaisir fou à simplement respirer, à simplement remplir vos poumons, ou arrondir votre ventre, car c’est plutôt par là que se situe l’inspiration et l’expiration, en bas du ventre. Imaginez qu’à chaque cycle vous refaites cette expérience, qu’elle se prolonge à l’infini. En plus vous entendez une musique qui vous semble toute proche, complètement familière. Un musicien joue pour vous et y met toute son énergie. Vous êtes un spectateur assis sur l’estrade juste prêt de lui, c’est un concert intime. Des mots passent dans votre esprit, des mots dits par le Godo. Souvent du japonais, au fond de vous ils passent et ressortent intacts ces mots. Le KUSEN racontait quoi au juste ce matin Kâ Jô, Shokudo ? ? Les mots viennent là juste pour vous maintenir éveillé. Souvent des images défilent. Des images vides de sens, sont-ce bien  des images d’ailleurs ? Des images, des sons, des odeurs, des impressions colorées de sens ? Des concept-images, des ébauches de mots arrivent. Ils viennent du fonds de la conscience, la consience Alaya. Juste il faut lutter un petit peu pour ne pas s’endormir.  Toute la posture est là pour ça. Comment sont mes pouces ? Et mes yeux toujours mi-clos ? Il y a une frontière entre la veille et le sommeil un « no man’s land » où,  qui s’aventure en revient un peu béat, un sourire aux lèvres , … Voilà le bois est frappé puis la cloche sonne, zazen est fini.

Raconter ce pendant Zazen est inexprimable ! Ce matin j’ai eu l’impression forte que ce souffle d’air qui vient en nous est une bénédiction. L’air que l’on respire n’est pas éternel. Ce souffle de vie n’est pas éternel. Respectons-le !

Daniel Bukō

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