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Se préparer au choc frontal : la métamorphose

L’accident de train  du 12 juillet 2013 de Bretigny/Orge  a été terrible, d’une soudaineté et d’une brutalité inouïes. Selon les témoignages le son  était horrible : tôles tordues,  graviers qui claquent comme des balles, vitres brisées, chocs des valises et autres objets transformés en projectiles, et  cris,  sur une durée qui n’en finit plus. Les images se gravent dans les têtes et auront du mal à en ressortir. Le travail de la cellule psychologique (CUMP) est essentiel avec un débriefing et un suivi psychologique, pour permettre d’oublier cet énorme traumatisme. Nous sommes tous inégaux devant un tel événement. Certains, s’ils ne sont pas aidés, vont sombrer dans la dépression 6 mois plus tard.

Beaucoup s’accordent à dire que le choc frontal que va subir la société des hommes sur cette Terre sera tout aussi violent. L’avantage dans notre situation, c’est que nous le voyons venir : démographie galopante, croissance exponentielle des mégalopoles qui vident  d’autant les campagnes déshéritant les paysans, pollution des  villes entrainant des allergies respiratoires et des maladies cancéreuses, pollution des eaux, économie à bout de souffle dans un système de mondialisation absurdement injuste,  défiance et faillite des banques  qui trafiquent et fraudent en  bourse, technologies mal orientées (nucléaires, OGM…), dégradation de la biosphère, perte de la biodiversité, conflits ethniques politiques ou religieux de plus en plus nombreux, famines, populations entières déplacées, nuit d’émeutes à Trappes…. Inutile d’allonger la liste, n’est ce pas ? …

Si nous voyons venir le choc frontal nous sommes en mesure de nous préparer, mais nos réactions sont inégales devant un problème qui touche notre confort personnel et notre identité culturelle, religieuse ou sociale. Il est à craindre une violence réactionnelle démesurée car il y a perte des repères. On parle de transition ou de rupture. Selon  Frédéric Jacquemart (entendu le 20 juillet sur Terre à Terre l’émission de France Culture) on a observé dans de telles situations (guerre civile, génocides, etc.) que des gens normaux se changent très rapidement en monstres.  Taper, voler dans le seul but d’affirmer son être. Par contre, et c’est un grand espoir, ceux qui ont suffisamment de recul et de réflexion sur soi deviennent de véritables saints dans un tel contexte. c’est tout à fait étonnant.

Edgar Morin ( La voie) la seule voie possible, autre que la dégradation et la désintégration totale,  est la métamorphose. C’est une idée plus riche que la révolution. Il en tire un véritable programme politique dans tous les domaines et son message est plein d’espoir. « Il existe déja, sur tous continents, en toutes nations, un bouillonnement créatif, une multitude d’initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie. »

« De ce bouillonnement on espère qu’il émergera quelque chose qui ne soit ni voulu, ni recherché » explique Frédéric Jacquemart. Son espoir repose sur les artistes qui doivent anticiper et faire vivre des sentiments extrêmes, et sur le monde politique qui, dans un tel monde en métamorphose, n’a plus vocation à façonner l’avenir  mais  doit assurer la cohésion sociale.

Quitter son confort ne va pas de soi, pour personne.

Pour autant on ne peut pas revenir à ce qu’il y avait avant. Dans 30 ans il n’y aura plus de terres rares pour faire des ordinateurs.  On ne pourra pas pour autant revenir au temps d’avant, celui d’il y a 25 ans où on n’ avait pas d’ordinateurs. Il y a une résilience nous dit Frédéric Jacquemart. Résilience de nos sentiments mais aussi des technologies. Même si on décide d’abandonner les OGM ils réapparaitront sous une autre forme. Cela va être dur de déconstruire le monde et la société. Le mouvement émergeant doit venir d’en bas, les gens doivent se transformer eux-même.

Il est un moine zen qui par sa seule présence apporte paix et sérénité autour de lui. Ryôkan était ainsi. On disait de lui que les moines adoraient être en sa présence. Dès qu’il était là, ils se sentaient bien et joyeux, le monde rayonnait. Parce qu’il avait conservé un naturel d’enfant heureux. Surtout n’attendez pas des  autres qu’ils vous vénèrent, mais essayez d’opèrer la métaporphose en vous.

©daniel Bukō La Pierre de Jade  revisité en avril 2020

illustration : photographie personnelle au Panama. 2013

 

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Pavel Vinogradov et l’île de la Réunion

Pavel Vinogradov a bientôt soixante ans, il est né  le 31 aôut 1953. C’est un cosmonaute exceptionnel. Il est à bord de l’ISS ( au commandement depuis mai 2013); il nous transmet de superbes photos de la Réunion qu’il survole deux fois par jours à une altitude de 400km. On ne peut le voir à l’œil nu que le matin ou le soir. On pourra notamment le voir  à la tombée du jour début août. L’association science-sainte-rose http://science-sainte-rose.net/ communique avec lui pour des idées d’autres images de la Réunion.11b-reunion-satellite-ca798

Date Start Highest point End
[Mag] Time Alt. Az. Time Alt. Az. Time Alt. Az.
01 Aug -3.1 19:29: 10° SW 19:32:33 72° NW 19:33: 51° N
02 Aug -2.9 18:40: 10° SSW 18:44:06 42° SE 18:47: 10° NE
03 Aug 0.0 19:30: 10° W 19:32:08 14° NW 19:33: 10° NNW

site http://www.heavens-above.com/

Pavel fait partie  maintenant de l’ histoire imaginaire publiée ce matin dans la rubrique < MES CREATIONS INEDITES>. La rencontre avec DBKHT est imminente (en 2035) !

L’île de la Réunion paradis d’Amithaba: l’arbre à palabres : proposition adoptée

Bonne lecture à tous (et sans rancune Pavel …c’est toujours dur pour moi de prononcer les noms russes 😀 ). Nous t’admirons tous, quelle belle retraite tu vas passer à ton retour mi-septembre. (A moins que tu rempiles…ça doit être comme zazen(*) l’ISS, on ne peut plus s’en passer, non ?)

©daniel Bukō Hōten

(*) voir glossaire

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Les origines du zen :Tōzan

Après avoir touché du doigt la pierre de Jade (voir l’article précédent) on n’est pas encore pleinement satisfait. La raison n’est jamais complètement rassasiée. Il est nécessaire de vivre encore et encore l’expérience de zazen(*) avec son corps.  Dans notre école  sōtō-zen il n’y a pas d’autre possibilité. Ainsi il est impossible d’enseigner l’essence du zen à quelqu’un qui ne pratique pas zazen, qui ne revient pas sans cesse à cette partie secrète en lui, (son  énergie, le KI qui se situe dans le ventre au niveau du nombril) et qui ne poursuit pas cette voie sans  but mushotoku(*) indéfiniment.

Tōzan  (vécu en Chine en 807-869) pratiquait assidûment zazen pour trouver sa véritable nature, tel le zen chinois à la suite d’Enō. Ainsi il ne suivait pas particulièrement les préceptes du Bouddha comme l’octuple sentier ou les quatre nobles vérités (lire 10 Dukkha   ou structurer son esprit-Octulpe sentier).

Tōzan s’apprête à franchir une rivière, il avance sur un pont de bois. Il fait un premier pas et repense à la conversation avec son maître Ungan qu’il a quitté il y a quelques temps.

— J’ai encore quelques liens qui n’ont pas été éliminés, avait-il affirmé à Ungan.

—Qu’as-tu fait jusqu’à maintenant, avait demandé Ungan ?

— Je n’ai pas pratiqué les quatre nobles Vérités  (dont la cessation des attachements).

— Mais es-tu heureux ou pas ?

— Je suis heureux, c’est comme avoir trouvé une belle perle dans un tas d’ordures, avait répondu Tōzan….

Tōzan a donc touché du doigt la pierre de jade, sa nature de Bouddha, mais sa raison en demande encore. Il poursuit :

— Que devrais-je faire si je veux rencontrer mon soi originel ?

Tōzan n’a pas eu la réponse qu’il désirait d’Ungan. Avant de le quitter il lui demande une dernière fois « Quand vous serez mort, si quelqu’un me demande le vrai visage de mon maître, que devrais-je dire ? »

C’est simplement cela, avait répondu Ungan… Il faut être extrêmement vigilant et réaliser cela complètement.

Tōzan sur son pont de bois s’arrête. il se penche et regarde l’eau. Il voit son propre visage et comprend subitement, trouvant enfin la réponse qu’il cherchait.

Il compose ce poème qui deviendra le fondement de son enseignement.

L’ayant cherché longtemps ailleurs

Il me fuyait.

Maintenant je vais seul

Et je le rencontre partout.

Il est moi

Et je ne suis pas lui.

On connait de lui  cette stance qui me parle beaucoup :

A minuit est la vraie lumière

L’aube n’est pas claire.

 Adolescent il avait quitté sa famille en faisant le vœu très fort de ne jamais la revoir tant qu’il n’aurait pas réalisé le Dharma(*). Sa mère un jour l’a retrouvé mais il refusa de la voir et de lui parler. Elle mourut devant sa porte laissant trois parts de riz qu’elle avait mendiées. Il servit le riz à la sangha(*) le lendemain matin en son honneur. Plus tard elle lui apparut en rêve. Elle lui dit que grâce à lui elle avait rompu tous ses liens d’attachement et vivait à présent parmi les déités heureuses.

Tōzan est à l’origine du zen sōtō (qui a gardé le  de son nom). Tōzan est l’indépendance d’esprit. Il veut comprendre par lui-même comme l’a enseigné Sakyamuni le Bouddha historique, ne rien admettre pour vrai s’il ne l’a pas personnellement et intimement vérifié.

C’est exactement cela, simplement cela… ce qu’il nous faut garder du zen ! Plus le sourire ! 😉

©daniel Bukō Hōten

(*) voir glossaire