Zazen sur Mars

Photo de Mars 20 sept 2025  La Réunion Piton de La fournaise ce jour© DBKHT)
En exclusivité une page  d’une nouvelle que je suis en train de finaliser. (04/2020)

Depuis ce matin le ciel est plus rouge. Personne ne sait pas vraiment pourquoi. Toute cette vapeur d’eau qui s’échappe du sol de Mars, c’est l’espoir des nouveaux arrivants, l’espoir d’une atmosphère. Actuellement cette vapeur s’envole très vite vers la mésosphère qui est à 50 km d’altitude. Dans la troposphère (en dessous) il y a des vents violents de poussières.

DBKHT est sorti dans un véhicule à énergie solaire. Il n’est pas plus gros qu’une voiturette de golf capitonnée, et on peut tout juste tenir à deux. Akira l’accompagne. Ils quittent la yourte commune tous les matins pour s’isoler un peu. Akira veut vraiment comprendre comment on va réussir à capturer toute cette vapeur et à la garder dans la troposphère. Il fait un récit minutieux des moindres détails, normal c’est l’écrivain. DBKHT a  également besoin de voir ce sol de Mars sur lequel il veut poser la main comme Shakyamuni, le Bouddha. Ils n’osent pas trop s’éloigner.  Au loin ils contemplent le spectre magnifique du plus grand volcan  du système solaire : L’Olympus Mons haut de 24 km,  large de 500 km !  Sur cette planète quatre fois plus petite que la Terre tout parait disproportionné.

Akira est intrigué par ces lueurs roses  qui s’échappent du volcan. En principe le camp est à l’abri de toute éventuelle éruption. Le vent est violent aujourd’hui comme hier. Pas trop de changement pour l’instant. C’est vrai qu’ils n’ont pas encore connu les différentes saisons sur Mars.

Ils ne peuvent pas monopoliser un des véhicules de la base trop longtemps. Leur mission à eux, c’est de développer leur intuition pour mieux comprendre le devenir de l’humanité sur cette planète. DBKHT a été choisi pour sa maîtrise de la méditation zen. Pourtant depuis qu’il est arrivé il a de grandes difficultés.

Il a beau prendre la posture qu’il utilisait sur Terre, la posture habituelle du Bouddha assis en lotus, les mains formant un ovale dans le mudra cosmique, il ne trouve plus ses repères. En plus, ils sont sacrément à l’étroit dans cette voiturette.

— Bon, allez on essaie de faire zazen un petit quart d’heure, dit DBKHT. Je sonne les trois coups de zazen.

— Attends, dit Akira, je suis inquiet ce matin, tu as remarqué ces lueurs roses sur le volcan ? Regarde, on dirait qu’elles nous font des signes. Au lieu de méditer les yeux mi-clos, je propose de ne pas les quitter des yeux. T’es d’accord ?

— Bon si tu veux, tu as sûrement une bonne idée. Allez …Gassho ! Il joint les deux mains verticales sur la poitrine en salutation zen, symbolisant l’union de l’esprit et de l’existence.

DBKHT sonne trois coups sur une cloche qu’il avait emporté dans un petit sac. Il y a aussi de l’encens mais il nose pas l’allumer dans la voiturette. Il se concentre et commence par une profonde expiration. Heureusement que ces petits véhicules sont autonomes, ils n’ont pas besoin de revêtir de scaphandre. Akira regarde au loin les lueurs du volcan. Ils essaient de calmer leur esprit. Juste observer… ne pas se laisser envahir par les pensées discursives. Des images se superposent sur les vapeurs roses. Des pieux surgissent du sol, sortent par dizaines puis disparaissent aussitôt et rentrent à nouveau dans le sol, des pieux, ou plutôt des tiges métalliques recourbées vers le haut comme d’énormes épingles à nourrice ? DBKHT essaie de ne pas oublier ce qui apparaît puis disparaît de son esprit, sur son écran de cinéma intérieur. Il aime cet état intermédiaire entre l’éveil et le sommeil. Bien souvent il en revient l’esprit totalement vide. Akira, à ses côtés, a les yeux grands ouverts. Il semble fasciné par les arabesques, les volutes de fumée qui surgissent de partout maintenant autour d’eux. Il n’a pas remarqué les pieux menaçants car il fixe le volcan au loin, il est absorbé, aspiré par ce signal, tellement lointain, impossible de comprendre si c’est un signe à interpréter ou un simple phénomène naturel fréquent sur Mars.  Il y a tellement à comprendre, ils sont sur une planète hostile un peu  plus loin du soleil que la Terre (une fois et demi la distance de la Terre au soleil). La lumière du jour est pourtant plus forte que sur la Terre, et autour d’eux ces vents violents qui hurlent dans tos les sens. Bon sang, il faut y croire !… Vivre ici, ne jamais revenir sur la Terre  !

DKKHT sonne un coup de cloche pour la fin du zazen.

— Bon, on rentre maintenant.

Ils rallument leur talky-walky-GSM, un portable qui peut fonctionner à proximité de leur campement. Visiblement il y a un message du colonel, chef de l’expédition. « Retour au bercail vite fait !« Ils ne sont pas très loin, à peine 500 mètres mais ça va bien prendre une bonne demi-heure avec tous ces rochers à contourner.

— Je me demande si on va réussir à rendre cette planète hospitalière… j’ai eu une drôle d’intuition pendant zazen, dit DBKHT. Et toi ?

— Moi je me suis senti envoûté par quelque chose, pas forcément mauvais… plutôt agréable mais ce vent me terrorise , répondit Akira !

— Sur Terre on pense que si on calme son esprit tout s’arrange autour de soi,… poursuivit DBHKT en soupirant. Mais ici, non seulement j’ai du mal à être cool à l’intérieur de moi, mais j’ai en plus l’impression contraire, comme si des objets menaçants rodaient autour de nous, une pression terrifiante dans l’Univers glacial et sans vie ! Comment se réchauffer intérieurement ? Comment trouver la foi ?

— Brrr !!! Quel paysage lugubre, répondit Akira, on va aller écouter les consignes du chef ! J’ai confiance en  Dimitry, ce jeune Russe. Il connait la méthode TRIZ qui servira pour atteindre notre objectif final idéal, j’en suis sûr !

Intéressé par la suite… laissez moi un commentaire, je penserai à vous le moment venu.

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