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Tao-intempestif

« le Tao est une invention de vieux chinois dont on regarde encore pousser  la barbe.

Il ne régit rien du tout, il ne préside à rien du tout.

Il n’est pas plus à l’intérieur que sur les limites, ni à l’extérieur.

C’est pourquoi on peut parler du Tao à l’infini.

Il est ceci, et pas cela, dans ceci et pas dans cela…

A moins qu’il ne soit tout simplement Rien du Tout ! »
Texte tiré des propos intempestifs de Daniel BukòhòTen !

Je me pose vraiment la question. Est ce qu’on est pas en train de tout mélanger ? Rechercher de la sagesse et du sens dans de vieux grimoires, se gargariser de formules toutes prêtes à sortir en société quand on a un peu trop bu et qu’on n’est plus capable d’aligner deux mots sensés. Que penser du Tao Te King ? Il ressemble au zen dans la mesure ou il n’est ni une religion , ni une philosophie ou les deux à la fois.  Il a des millions d’adeptes respectables qui suivent une éthique libertaire tout comme les bouddhistes. C’est une mystique un peu différente du bouddhisme dans la mesure où elle est quiétiste.  Mon propos est intempestif, il peut déranger j’en conviens !

Revenons au quiétisme. C’est une doctrine qui réside dans la quiétude, dans la contemplation passive, le désintéressement vis-à-vis du salut personnel. Cette doctrine prônant la perfection chrétienne, la contemplation de Dieu en l’absence de toute activité propre à l’âme fut répandue au XVIIè siècle.

Jean-Paul Sartre a dit du quiétisme,

« c’est l’attitude des gens qui disent : les autres peuvent faire ce que je ne peux pas faire. »

Ce bon Lao Tseu,  nous révèle que la Vérité  Absolue (le Tao) relève d’un autre ordre. Un truc qui est partout et nulle part à la fois qui peut faire ce que je ne sais pas faire, le quiétisme que JP Sartre dénonce, le Tao est aussi un truc en équilibre, c’est parfait de parler de ça après l’article précédent sur le grand équilibre cosmique ! La mystique du Tao est parfois mis en relation avec le zen, il y aurait une similitude avec les premiers textes Chan (zen chinois) dont le fameux Shin Jin Mei que j’affectionne tout particulièrement !

Tao Te King stance 4 :

Le Tao est vide, si l’on en fait usage, il paraît inépuisable.

Ô qu’il est profond ! Il semble le patriarche de tous les êtres.
Il émousse sa subtilité, il se dégage de tous liens, il tempère sa splendeur, il s’assimile à la poussière.
Ô qu’il est pur ! Il semble subsister éternellement.
J’ignore de qui il est fils ; il semble avoir précédé le maître du ciel.

Shin Jin Mei  stance 7 (ma préférée):

La voie est ronde en paix, large comme le vaste cosmos, parfaite.

Sans la moindre notion de demeurer ou de rompre.

Vous voyez la différence notable entre les deux ?

C’est le quiétisme justement !

Le Tao nous renvoie à un ailleurs (voir même un patriarche qui pourrait être le fils de …) pur et éternel. Le message est pourtant profond puisqu’il parle d’une voie qui se dégage de tous liens, qui tempère sa splendeur, qui s’assimile à la poussière. (voie du zen sans conteste !)

Le Shin Jin Mei ne s’embarrasse pas de fausses certitudes, il parle de la voie, d’une voie accessible à tous, à notre portée. C’est un texte bouddhiste profond qui révèle que nous avons tous en nous cette nature profonde. Elle n’est pas ailleurs, dans un ciel lointain. Pas besoin de rester, ni besoin de partir, juste vivre cette vie, trouver la voie par soi-même ou avec l’aide de quelques maîtres zens qui pratiquent zazen. Ce ne sont pas forcément ceux qui font des conférences, écrivent des livres ou des blogs. Le zen doit être ressenti de l’intérieur et non pas avec la raison.

Il y a plein d’enseignements dans le Tao si on fait abstraction de ce Rien du Tout qui est partout et qui ne nous intéresse pas, on peut y trouver une profonde philosophie, une règle de vie proche du Chan. Aussi que les Taoistes me pardonnent, j’ai été  intempestif dans mes propos liminaires que je ne renie pas pour autant !

©danel BukòhòTen (photographie du sommet de la tête d’un Bulldog français aussi beau qu’un koï japonais !)